Société historique de Meaux et sa région



« Mode de vie et alimentation à la fin du Moyen Âge au château de Blandy-les-Tours. Approche pluridisciplinaire des latrines de la salle de l’Auditoire ». Sous la direction de Marie-Claire COSTE. Revue Archéologique du Centre de la France, supplément n° 28, 184 p. 2006, Tours, FERACF éd.

Bien que concernant le sud de notre département, nous pensons utile de signaler cet important ouvrage, destiné aux archéologues professionnels ou amateurs éclairés, soutenu par le conseil général de Seine-et-Marne (propriétaire du château rappelons-le), mais publié par une revue de Touraine !

Travail collectif et pluridisciplinaire comme l’indique son sous-titre, il rend compte de l’étude archéologique de deux des latrines du château fouillées en 1996-1998. Après une présentation du site et des fouilles à la tour carrée et à la salle dite de l’Auditoire, sont d’abord étudiées l’architecture des fosses réceptacles et la construction des latrines offrant la particularité comme à Brie-Comte-Robert par exemple, d’être doubles (au château 7 latrines en tout sur 8 probables ont été reconnues), puis leur utilisation comme latrines effectives d’abord, puis comme dépotoir démontrée notamment par l’étude micro-morphologique. La palynologie, la carpologie et l’archéozoologie retrouvent les traces de l’alimentation végétale (céréales, légumineuses, aromates de provenance méditerranéenne, plantes odorantes) et animale (poissons de rivière mais aussi de mer, volailles, porcs, bovidés, gibier), les traces osseuses de celle-ci étant liées à l’utilisation des latrines comme poubelles.. La parasitologie relève la présence d’œufs d’ascaris et de trichocéphales, témoins de la médiocrité de l’hygiène des cuisines, mais pas de ténias ni de douves (absence de consommation de foies d’herbivores parasités).

L’étude des éléments mobiliers a reconnu de la céramique culinaire (coquemars, marmite, etc.), de la vaisselle de table (pichets, écuelles, gourde…), une lampe à huile et une chaufferette, des verres de diverses formes (gobelet, à pied, à tige), flacons en verre et fragments de vitrage, des matériaux de construction (carreaux de pavement, ardoises, tuiles glaçurées, éléments architecturaux moulurés comme angle de corniche ou chapiteau), des objets métalliques en alliage cuivreux (aiguillettes, épingles, étrier, boucle de chaussure) ou en fer (pommeau d’épée, éléments de serrure, clouterie, lame de couteau) ou non métalliques (dé en os, palet en os, perles de parure, cabochon de bague en verre).

Des monnaies royales (de Charles VI et Henri III) et jetons (de Nuremberg) ont contribué à la datation de l’ensemble qui s’étage des XIVe –XVe siècles pour les couches inférieures au début du XVIIe pour le dépôt de gravats, en passant par la fin du XVIe pour le remplissage intermédiaire.