Mésolithique

"Découvertes récentes d'inhumations et d'une incinération datées du mésolithique en Ile-de-France", par Frédérique Valentin, Richard Cottiaux, Cécile Buquet-Marcon, Joël Confaloniéri, Valérie Delattre, Laurent Lang, Isabelle Le Goff, Paulette Lawrence-Dubovac et Christian Verjux. Revue archéologique d'Ile-de-France, n °1, 2008, p. 21-42.

Cet article présente cinq inhumations et une incinération mésolithiques récemment découvertes lors d'opérations d'archéologie préventive dans cinq sites d'Île-de-France, région qui en était auparavant dépourvue. Faute d'élément datant associé aux restes humains, leur datation repose sur des mesures radiocarbones effectuées directement sur des échantillons osseux. Parmi ces cinq sites, deux sont en Seine-et-Marne (Melun et Mareuil-lès-Meaux), les trois autres étant à Maisons-Alfort, Neuilly-sur-Marne et Rueil-Malmaison. Bien entendu seule l'inhumation de Mareuil-lès-Meaux intéresse notre région et nous en donnerons des détails, mais le plus intéressant consiste en leur comparaison, entre eux et avec les autres sites de France.

Le site de Mareuil-lès-Meaux, au lieu-dit "Les Vignolles" a été mise au jour en 2001 au même endroit que les sépultures du Néolithique ancien et la nécropole de l'âge du Bronze déjà publiés (Cottiaux et al., Actes des Journées archéologiques d'Ile-de-France, 2001, p. 60-63), sur une terrasse alluviale de la rive gauche de la Marne, en bas de versant, sépulture unique mais sans pouvoir affirmer qu'elle est isolée (située près des limites du décapage). La datation radiocarbone calibrée est de 8320+/- 90 BP. Le squelette est mal conservé : il ne reste que la partie droite du bloc crânio-facial, les diaphyses des os longs fragmentées, un fantôme de rachis, deux diaphyses de métacarpiens droits. Il s'agit d'un adulte de sexe indéterminé, au crâne épais, en inhumation primaire individuelle, en décubitus latéral droit, selon un axe nord-sud, tête au sud, le membre supérieur droit fléchi la main droite en contact avec la mandibule, les membres inférieurs hyperfléchis. La moitié gauche de l'individu a disparu, peut-être perturbée par les travaux agricoles. Les articulations du coude droit semblent en connexion alors que la fibula (péroné) droite, décalée par rapport au tibia suggère un glissement de celui-ci. La mauvaise conservation d'ensemble n'a pas permis d'autre observation taphonomique et notamment quant au millieu de décomposition.

Les autres sites sont situés au quai Voltaire à Melun (une inhumation d'un adulte agenouillé mains dans le dos, datée de 8540+/-100 BP), à Rueil-Malmaison (une incinération totalisant 215 g d'os et une inhumation en position assise datée de 8870+/-130 BP), à Maisons-Alfort (une inhumation en fosse datée de 8030+/-50 BP) et à Neuilly-sur-Marne (une inhumation en fosse en position assise datée de 7735+/-45 BP) : autrement dit on a ainsi observé trois sépultures le long de la Marne et deux près de la Seine.

Cet ensemble de gisements enrichit de façon significative les données déjà disponibles pour le Mésolithique français et ses pratiques funéraires, les autre sites du Bassin parisien étant nettement plus périphériques: Auneau (Eure-et-Loir), Val-de-Reuil (Eure), Villeneuve-la-Guyard (Yonne) et La Chaussée-Tirancourt (Somme). Pour l'aménagement des tombes, l'architecture paraît simple : fosses circulaires de 60 cm de diamètre à Melun et Rueil-Malmaison, mise en place de pierres au fond de la fosse à Maisons-Alfort et sur le pourtour de la sépulture à Neuilly-sur-Marne. L'absence de parure durable est à noter, mais de rares éléments mobiliers sont observés (à Rueil et à Maisons-Alfort), tandis que le dépôt d'ocre ne semble pas une pratique associée aux sépultures d'Ile-de-France. Il s'agit à chaque fois de sépulture individuelle, de type primaire et à chaque fois en position contractée, soit assise soit en décubitus latéral, ce qui est observé dans la plupart des autres cas, les positions étendues ne représentant que 10% des cas observés. Enfin il semble que le comblement de la fosse d'inhumation a suivi de près la mise en place du corps et a souvent été effectué avec le sédiment extrait de la fosse elle-même.

Enfin l'observation de restes d'incinération, comme à Rueil-Malmaison s'avère rare tant en Ile-de-France que dans l'ensemble du territoire métropolitain.