Société historique de Meaux et sa région



DELAHAYE , Gilbert-Robert. « A propos d’une fibule mérovingienne trouvée à Chauconin (Seine-et-Marne). Observations sur la symbolique de l’orant. » Bulletin du Groupement Archéologique de Seine-et-Marne, n° 39-42, 1998-2001, pp. 99-106.

L’auteur, spécialiste de l’époque mérovingienne, décrit une fibule ansée symétrique en bronze, découverte (sans autre précision) en 1987 à Chauconin. Elle comporte, de part et d’autre de l’anse, deux plateaux en forme d’écusson portant un décor d’orant.

L’interprétation de ce décor suscite l’intérêt de l’auteur qui retient une hypothèse émise par Léo Barbié : au lieu de la représentation d’orant assimilée soit à l’attitude antique de la prière, soit à celle de l’acclamation, celui-ci considère qu’il peut s’agir d’une crucifixion, comme sur certains monuments tels que la « croix » de Homps (Gers) ou celle des Cassès (Aude) par exemple, le corps du Christ, par sa posture, se confondant avec la croix, en évitant ainsi la représentation choquante de la crucifixion.

Il rappelle en effet « la réticence avec laquelle les premiers siècles de l’ère chrétienne ont abordé la représentation du martyre du Christ » (Carol Heitz). En témoignent le décor de deux pieds de sarcophages en plâtre du 7 ème siècle trouvés à Villemomble (93) et à Sergines (89) (et celui d’un décor de sarcophage trouvé près de Saarburg en Rhénanie) : le corps du Christ prend la forme de la hampe et de la traverse d’une croix, surmontés par sa tête. Il en est de même pour la crucifixion figurant sur l’ivoire « de Londres » daté de 420 et du portail en cèdre de l’église Ste Sabine de Rome (430).

Il faut toutefois reconnaître que, si les dessins des ces pièces et de ces décors sont en effet troublants, ceux du décor de la fibule sont d’interprétation difficile et il serait souhaitable d’en posséder d’autres exemples moins altérés pour pouvoir se rallier à cette interprétation.