PARIS. LE CANAL SAINT-MARTIN

Sortie de printemps le 11 mai 2015

En ce bel après-midi ensoleillé une délégation de la SHMR s’est rendue au bassin de la Villette, point d’arrivée à Paris du canal de l’Ourcq et de départ du canal Saint-Martin qui rejoint la Seine dans Paris au port de l’Arsenal et du canal Saint-Denis qui la rejoint plus en aval, à Saint-Denis.

L’idée d’amener à Paris les eaux de l’Ourcq et de la Marne remonte à 1520 et des études poussées furent faites pendant le règne d’Henri IV mais c’est en 1802 seulement que le projet fut repris avec le but d’établir une voie navigable entre l’Ourcq et Paris, de créer deux voies navigables vers la Seine et d’alimenter en eau fontaines et réservoirs pour la population parisienne ainsi que pour le nettoiement des rues et égouts de la capitale. Alors que le canal de l’Ourcq commencé en 1802 n’était terminé qu’en 1826, le bassin de la Villette était terminé en 1809 après trois années de travaux ; le canal Saint-Martin, lui, fut établi entre 1822 et 1825, la partie allant du faubourg du temple à la Bastille étant voûtée sous le boulevard Richard-Lenoir, la portion la plus ancienne étant cette qui passe sous la colonne de la Bastille érigée entre 1833 et 1840 ( sa voute supporte en partie ses 170 tonnes !) pour atteindre le bassin de l’Arsenal.

Nous avons embarqué à bord de l’  « Ariane », bateau qui nous était spécialement réservé, amarré à la darse du fond de Rouvray, petit canal en cul de sac sur le quai duquel se trouvent les bâtiments abritant les bureaux du service des canaux de la ville de Paris.

Nous avons été accueillis par Jean Papoul dudit service qui nous a accompagnés et guidés de ses commentaires tout au long de la visite durant près de trois heures. Après avoir franchi le pont tournant qui franchit la darse nous nous sommes donc trouvés dans la gare circulaire donnant accès au canal Saint-Denis puis au bassin de la Villette proprement dit, bordé par le Parc de la Villette, la Cité des sciences et de l’industrie, la Cité de la musique.

Notre promenade nautique nous a ainsi amenés à parcourir les différents biefs du canal et sas des écluses, celles-ci au nombre de huit regroupées deux par deux car le dénivelé entre les bassins de la Villette et de l’Arsenal est de 25 mètres. La neuvième et dernière, donnant accès à la Seine, nous ne l’avons pas franchie. Il a fallu aussi passer sous différents ponts et passerelles, en commençant au début du bassin par un pont SNCF et le pont de l’Ourcq du nom de la rue qui le franchit, puis sous la passerelle et le pont levant de Crimée. Le bassin aboutit à la Rotonde de la Villette (magnifique bâtiment circulaire construit par l’architecte Claude Nicolas Ledoux entre 1784 et 1788 pour servir d’octroi au mur des fermiers généraux) et à la place de la bataille de Stalingrad, contournées par les deux premières écluses pour entrer dans le canal Saint-Martin proprement dit dont la direction s’incline un peu au sud. Le bassin est bordé rive droite d’abord par le quai de l’Oise puis celui de la Seine et rive gauche par ceux de la Marne puis de la Loire.

C’est à partir de là que les quais prennent les noms de Valmy rive droite et Jemmapes rive gauche. Cette première partie du canal franchit les troisième et quatrième écluses, encadrées par les ponts Louis Blanc et Eugène Varlin, avant de faire un nouveau coude vers le sud. On peut voir, à droite, le square qui a pris la place de l’ancien hôpital militaire Villemin et nous sépare de la gare de l’Est et apercevoir, à gauche, les bâtiments de l’hôpital Saint-Louis, dont la façade d’entrée sera mieux visible après le franchissement du pont de la Grange aux Belles. En effet, après les cinquième et sixième écluses, dites des Récollets précédées de la passerelle Bichat, et un nouveau coude incliné légèrement vers l’est, nous entrons dans le dernier segment à l’air libre du canal avant d’atteindre la portion voûtée. Nous passons devant le célèbre hôtel du Nord rive gauche (il n’est pas en fait à l’endroit exact où a été tourné le film éponyme), puis sous deux passerelles (Richerand et de la Douane) et, entre elles, au pont tournant de Dieu.

Nous arrivons alors aux septième et huitième écluses dites du Temple où se trouve la borne de commande des ponts tournants et des écluses (qui sont en effet télécommandées depuis un petit nombre d’années). Nous pénétrons alors dans la partie voûtée, sombre, éclairée de loin en loin par des puits de lumière, et qui frappe par sa largeur. A mi-longueur le canal s’incline à nouveau, cette fois vers le sud, et c’est seulement à partir de ce coude que l’on aperçoit au loin la lumière du bassin de l’Arsenal. La dernière portion de cette voûte est la plus ancienne et a été altérée par un incendie au XIXe siècle, lui donnant un aspect granuleux. Passant sous la place de la Bastille nous évoquons la mémoire des victimes des Trois-Glorieuses, journées des 27, 28 et 29 juillet 1830 qui mirent fin au règne de Charles X. Le colonne édifiée dans ce but mémoriel, en lieu et place de l’éléphant-fontaine qui avait été prévu sous Napoléon Ier dès 1808 mais jamais réalisée, renferme à sa base, au-dessus du canal, les caveaux funéraires contenant les ossements des 504 victimes de ces journées révolutionnaires et de momies égyptiennes ramenées par Bonaparte qui s’étaient décomposées dans les sous-sols humides du Louvre.

L’arrivée à la lumière du bassin de l’Arsenal et une visite aller et retour du port de plaisance nous ont permis d’admirer quelques beaux bateaux à quai et le mur rive droite surmonté par le boulevard Bourdon constitué par le mur d’escarpe de l’ancien fossé de l’enceinte de Charles V. Ce bassin est clos au sud par la neuvième écluse donnant accès à la Seine. Près de celle-ci, rive gauche, se trouve le bâtiment de la capitainerie du port.