Visite de Châlons-en-Champagne par la SHMR le jeudi 16 mai 2013
Partis en autocar pour la journée, les membres de la SHMR présents ce jour ont été accueillis par la Société d’agriculture, commerce, sciences et arts de la Marne (SACSAM) et guidés dans la visite de la « Venise pétillante » par deux guides-conférencières, membres de cette même Société.
La matinée était consacrée à l’église collégiale Notre-Dame-en-Vaux et au musée du cloître. Eglise gothique construite du XIIe au XVe siècles et dotée aux XIXe siècle d’un carillon de cinquante-six cloches, avec ses deux flèches couvertes de plomb qui se reflètent dans le Mau, Notre-Dame-en-Vaux est un des emblèmes de la ville. Elle frappe par sa grandeur et l’harmonie de ses proportions, intérieurement par la douce lumière diffusée par ses nombreux vitraux dont les plus remarquables furent posés au XVIe siècle dans les fenêtres gothiques des collatéraux. Ces verrières racontent notamment la Passion du Christ, la vie de la Vierge, la vie de saint Jacques, etc. L’un d’eux, œuvre du maître-verrier de Saint Quentin Mathieu Bléville datée de 1526, représente la Glorification de la Vierge. Sont également à observer de nombreuses pierres tombales gravées dont celles de Jean Menguy, échevin du lieu, Jean Talon, premier intendant de Nouvelle-France (1695) dont une statue de bronze orne la place voisine, et celle de Claude Chastillon, topographe du roi en 1616.
Le musée du cloître, à l’emplacement d’un des côtés du cloître du chapitre de Notre-Dame-en-Vaux qui avait été construit au nord de la collégiale en 1170 et fut détruit en 1759 et 1766, est un musée d’art médiéval fondé en 1976 à la suite des fouilles archéologiques réalisées sur place depuis 1963 par Léon Pressouyre. Ce musée de site est remarquable par la collection de 55 statues-colonnes, les nombreux chapiteaux, toutes sculptures d’une qualité exceptionnelle, constituant ainsi un monument majeur de l’histoire de la sculpture à cette époque charnière entre l’art roman et l’art gothique.
Après la pause du déjeuner, l’après-midi amena les visiteurs par un circuit piéton en centre-ville jusqu’à la cathédrale Saint-Etienne. Chemin faisant on put ainsi admirer les maisons anciennes à pans de bois de la place de la République, puis les immeubles du XIXe siècle de la rue de la Marne et la place de l’Hôtel-de-ville : celle-ci est une « place à programme » réalisée à la veille de la Révolution en même temps l’on construisait le nouvel hôtel de ville monumental précédé d’un perron bordé de quatre lions accroupis. Elle fit disparaître l’église Saint-Germain et est pratiquement accolée au flanc nord de l’église Saint-Aspin qu’elle masque partiellement.
La cathédrale Saint-Etienne est un bel exemple de l’architecture gothique du XIIIe siècle, notamment par sa nef et le bras nord de son transept. L’art gothique y réalise son ambition d’élévation, de dissolution des murs de pierre au profit des grandes verrières. Celles-ci constituent la principale richesse de la cathédrale par leur qualité et leur variété, permettant de suivre l’histoire de l’art du vitrail depuis le XIIe siècle jusqu’au XIXe siècle. De nombreuses dalles funéraires gravées sont également d’un grand intérêt. Au revers de la façade occidentale, une tribune en bois peint en trompe l’œil supporte les grandes orgues. Un mobilier liturgique contemporain (autel, cathèdre et ambon) a été mis en place en 2009 dans le chœur.
La journée s’est terminée par une sympathique réception autour d’un verre de champagne organisée par quelques membres de la Société académique de Châlons dans les deux salles que la SACSAM occupe au rez-de-chaussée d’un superbe hôtel particulier, le plus ancien de Châlons, l’hôtel Garinet devenu musée. C’est la plus ancienne maison gothique en pierre de la ville, bâtie en 1515 par Claude Raulet, bailli de l’évêque, offrant un bel exemple de l’appareillage champenois qui fait alterner briques et moellons de craie ; elle conserve ses fenêtres gothiques sur cour et jardin et un beau portail ouvragé. Elle a abrité le Vidamé de l’évêque de Châlons jusqu’à la Révolution et fut acquise au XIXe siècle par un érudit, bibliophile et collectionneur, Jules Garinet qui avait réuni une bibliothèque de de 33000 volumes, des tableaux de maîtres (dont un portrait de Louis XV par Fantin-Latour), des objets d’art et souvenirs historiques. Après sa mort, sa veuve légua le bâtiment et son contenu à la ville à la condition d’en faire un musée et d’y loger la SACSAM que son mari avait présidée.