Neolithique

LA REVOLUTION NEOLITHIQUE EN FRANCE

Cet ouvrage de taille modeste (180 pages tout compris, parfaitement illustrées) édité en 2007 sous l'égide de l'INRAP aux éditions "La Découverte" constitue une mise au point des connaissances récentes, sous la direction de Jean-Paul Demoule , professeur de proto-histoire à l'université de Paris-I, réalisée par une équipe de chercheurs de divers services archéologiques tels que l'INRAP ou le CNRS, sur cette période préhistorique clé de l'évolution de l'humanité en France Il montre notamment comment ce phénomène de néolithisation qui s'est propagé de proche en proche depuis le Proche-Orient vers l'extrémité occidentale de l'Eurasie à partir de 6500 avant notre ère atteint notre pays et le littoral atlantique par deux voies de migration: par le Danube, amenant à l'est et au nord de notre pays et par les rives de la Méditerranée amenant au contournement du Massif central par la tranchée rhodanienne et par le Languedoc et l'Aquitaine.

Si un chapitre traite spécifiquement du processus qui gagne de l'Europe centrale au Bassin parisien et intéresse de ce fait les premières civilisations néolithiques de notre région, avec les quelques sites de la civilisation dite de "Cerny " (Néolithique moyen : 4600-4200) comme Balloy ou Villeneuve-la-Guyard au sud ou la première sépulture de Vignely près de Meaux.ou, plus tard le village chasséen de Bercy à Paris, on retrouve des citations également dans d'autres chapitres: grandes enceintes à palissades avec levées de terre et fossés interrompus du groupe de Noyen contemporain de la grande culture de "Michelsberg" au sud du département (Noyen-sur-Seine et Grisy-sur-Seine), deuxième sépulture de Vignely de la même culture avec traces de coffres en bois et défunt masculin portant parures et flèches.

Deux textes en encadrés développent plus longuement la documentation sur des sites de notre région: la minière de silex de Jablines (p.77) rapportant les conclusions de fouilles faites en 1989-1990 sur la ligne TGV, illustrées par la photographie aérienne du site et la coupe stratigraphique de l'un des puits, profonds de 7 mètres et de 2,5 mètres de diamètre, dont 60 ont pu être fouillés sur un millier hélas détruits par le chantier; plus méridionale évidemment est la sépulture collective de Souppes-sur-Loing, découverte en 1995 et fouillée en 2002, datée de 3300-2900. En revanche la sépulture collective sous dalle de Vendrest, de même période autrefois qualifiée de "culture de Seine-Oise-Marne", ne fait l'objet que d'une simple mention, de même que les hypogées de la haute vallée du petit Morin dans la Marne.

L'image du Néolithique ainsi présentée est assez récente, les connaissances n'ayant vraiment été renouvelées qu'avec les trente dernières années et l'archéologie préventive comportant des fouilles extensives sur de grandes surfaces à l'occasion des grands travaux d'aménagement de notre région.

P. Charon

Le Néolithique ancien dans la basse vallée de la Marne: l'habitat de Changis-sur-Marne "Les Pétreaux" (Seine-et-Marne), par Yves Lanchon, Françoise Bostyn, Lamys Hachem, Yolaine Maigrot, Emmanuel Martial avec la participation d'Eve Boitard-Bidault, Revue archéologique d'Ile-de-France, n°1, 2008, p. 43-94.

Cet article étoffé de plus de 50 pages présente les résultats des fouilles réalisées de 19896 à 1998 avant l'extension d'une sablière. Le site est un hameau du Néolithique ancien constitué de deux unités d'habitation. Bien que moyennement conservé, il a permis la collecte d'intéressantes informations sur les premiers agriculteurs-éleveurs de la région. L'étude des objets rejetés dans les fosses permet de dater cet habitat du début de la colonisation néolithique de la région, probablement du Rubané final du Bassin parisien, c'est-à-dire de l'étape la plus ancienne du Néolithique aujourd'hui attestée dans l'est de l'Ile-de-France (probablement 5000-4950 av. JC).

Le site est en rive doite de la Marne, entre Meaux et La Ferté-sous-Jouarre, rive constituée d'une vaste terrasse alluviale qui n'a été exploitée par une sablière que depuis 1988. Sur une zône d'une soixantaine de mètres de largeur ont été identifiées une trentaine de dtructures ou de fosses et deux unités d'habitation de type danubien très incomplètes.Le mobilier comporte : de la céramique (8,6 kg) moyennement conservée, de typologie du Néolithique ancien; une industrie lithique (17 kg) issu principalement des deux unités d'habitation, réalisée sur un silex bartonien de provenance loco-régionale principalement (le silex secondaire est minoritaire, provenant de plus de 50 km), avec un outillage sur lames (grattoirs, burins, perçoirs) et sur éclats (grattoirs, denticulés, raclooirs), exceptionnellement sur bloc (un fragment d'herminette); dans les fosses ont été retrouvés des débris ( 21 kg) de matériel de mouture, broyage et polissage en grès, calcaire ou meulière; enfin des restes osseux animaux complègtent ce tableau, avec une forte proportion d'espèces domestiques (boeuf d'abord, puis caprinés et suidés), un seul chien et du gibier (cerf, sanglier, auroch, chevreuil); une partie de ces restes fauniques a été exploitée pour fabrication d'outillage (5 pointes, des biseaux), mais pas d'élément de parure.

P. Charon